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Le Régiolis de Paris direction Granville en gare de Vire

Le Régiolis de Paris direction Granville en gare de Vire

   Le titre peut sembler bien prétentieux, certes, mais il se justifie non par ce que nous sommes nous, les militants pour la défense du service public ferroviaire, mais par la nature politique de ceux qui ont engagé cette guerre contre le bien commun, contre le droit à l’égalité de traitement des citoyens de la République.

   Ainsi, après sa visite à Madame Borne, Monsieur Hervé Morin, fer de lance de la « Normandie Conquérante », a lancé des cris d’orfraie à l’annonce que son grand projet ferroviaire, la LNPN (Ligne nouvelle Paris Normandie), ne verrait pas le jour. Il s’est beaucoup moins étendu sur le fait que l’axe Paris-Granville se verrait confisqué les trains Régiolis, désormais destinés à d’autres régions par décision gouvernementale, trains bi-modaux pourtant indispensables à cet axe non électrifié pour une grande partie. Or, Monsieur Morin, qui semble pourtant avoir une grande culture, devrait le savoir : ce que «  Dieu a donné, Dieu a repris » (Livre de Job, chapitre 1, verset 21). En l’occurrence, Dieu c’est le premier ministre ou plus exactement le chef de l’État. Certes, les Dieux se succèdent au gré des élections présidentielles mais se ressemblent jusqu’à ce jour peu ou prou, l’actuel voulant achever ce que le précédent avait commencé dans un processus accéléré de casse sociale et économique.
    Cela, Monsieur Morin ne pouvait l’ignorer. C’est sans doute un homme cultivé mais c’est aussi un « fin »politique qui connaît parfaitement les rouages de nos institutions, les intentions des uns et des autres qu’il connaît de longue date. Maire, puis député il a aussi été ministre, tout cela sur une période de presque trente ans. Nous ne pouvons donc dire que nous ayons un naïf à la tête de notre Région.

  Or le 26 avril 2016, faisant confiance sans doute au représentant du monarque républicain, Monsieur Morin, fraîchement élu président de Région, signait une convention avec Manuel Valls, alors 1er ministre, convention par laquelle il deviendrait donneur d’ordre en matière ferroviaire, pour les trains TER et les Intercités (les rames Régiolis) en 2020.

HERVE MORIN ÉTAIT LE PREMIER A SIGNER UNE TELLE CONVENTION


   En échange du fait que la Région se substitue  à l’État du point de vue de la gestion du trafic voyageurs -le fret ayant été liquidé depuis plus de 10 ans avec l’ouverture à la concurrence-, l’État s’engageait à fournir 40 rames de trains à motrices électriques (des Omneo de Bombardier) à hauteur de 720 millions d’Euros. Le deal était donc clair : je t’achète des trains livrables en 2020 et tu prends en charge pour une durée indéfinie le réseau régional. Je dis bien indéfinie.
   Il ne faut pas être bien malin pour comprendre que l’accord est très déséquilibré : un financement UNE fois contre un financement pour ainsi dire A PERPETUITE du transport voyageurs.
    Pourtant Monsieur Morin sait compter, c’est d’ailleurs une de ses caractéristiques : le JDD du 15.07.2014 note la « vision comptable » dont il fait preuve lors de son passage au ministère des armées.
    Alors ? Eh bien monsieur Morin partage avec les oligarques qui dirigent ce pays la même vision de la société qu’ils veulent nous imposer : une société financiarisée, au service des plus riches. Une société ou par le subterfuge des « partenariats public/privé », le contribuable assure les bénéfices du privé : à l’État les investissements coûteux, aux sociétés privées, comme Vinci pour la LGV Paris-Bordeaux et demain Véolia ou Bouygues ailleurs, de manger le gâteau…

Qu’est-ce qui oppose Hervé Morin à l’ultra-libéralisme des Macron, Philippe, Spinetta et autres ? RIEN.

 Leur démarche procède de la même idéologie : la haine du service public, le désir de livrer aux prédateurs le bien commun laborieusement construit par nos aînés à la fin du Front Populaire pour ce qui est de la SNCF (1938), à la fin de la guerre grâce au programme du CNR (notamment la Sécurité Sociale et le statut des fonctionnaires en 1945-46)
Voilà près de quarante ans que les mêmes, les uns après les autres, tous différents mais tous œuvrant dans le même sens, mènent cette lutte antisociale constante, d’abord larvée mais aujourd’hui clairement déclarée dans cette « blitzkrieg » orchestrée par Macron.

   Et c’est à cette guerre qu’Hervé Morin veut participer, c’est dans cette guerre qu’il souhaite être reconnu comme un des principaux généraux, lançant la charge contre les citoyens de ce pays. Car Monsieur Hervé Morin n’est pas seulement le Président de la Région Normandie. Il est aussi le PRÉSIDENT DES PRÉSIDENTS DE RÉGION. Cela veut dire qu’il est l’un des interlocuteurs privilégiés -pour ne pas dire l’interlocuteur privilégié- du gouvernement. En effet, en septembre 2017, lors des Assises de la mobilité, Madame Borne, ministre des Transports, déclarait qu’elle entendait s’appuyer D’ABORD sur les Présidents de Région dans la mise en place des « réformes ». 
   Nous le savons, ces réformes préparent en réalité la liquidation du service public ferroviaire et pour cela s’attaquent en premier lieu au statut des cheminots, statut qui permet aux agents d’assurer un service de qualité aux usagers que nous sommes. Du moins les cheminots peuvent-ils le faire si leur direction leur en donne les moyens, ce qui est loin d’être le cas  !

   Mais aujourd’hui, alors que nous assistons à un sabotage organisé de l’entreprise par la direction de la SNCF, avec la bénédiction des pouvoirs publics qui cherchent par tous les moyens à se désengager de leurs responsabilités, tout en rendant les cheminots responsables de cette gabegie, Monsieur Hervé Morin a déclaré qu’il compte impulser dans les autres régions la politique ferroviaire qu’il mène en Normandie. Entendez par là : fermeture des guichets de gare, fermeture des gares, fermeture des lignes prétendument non rentables (rentable par rapport à quoi ? Un service public a-t-il à être rentable?) comme nous le vivons aujourd’hui dans le sud Normandie.

C’est donc sans doute avec la bénédiction du Président de Région, que la ville de Vire entend racheter la gare SNCF pour 1 Euro symbolique, lieu dans lequel elle compte placer différentes activités ayant trait à la mobilité, le tout géré par un système de partenariat public/privé. Quel en sera le coût à long terme pour les contribuable ? Nul ne le sait. Déjà, comme le montre la photo prise dernièrement en gare de Vire, les marches de la passerelle (coût 1,2 millions d’Euros) sont en train de pourrir. Préfiguration de ce qui attend cette desserte, voire l’axe Paris-Granville ?

Passerelle voyageurs à Vire. Cliquez sur la photo pour agrandir.Passerelle voyageurs à Vire. Cliquez sur la photo pour agrandir.

Passerelle voyageurs à Vire. Cliquez sur la photo pour agrandir.

  Par ailleurs, Hervé Morin ne cesse de clamer son amour pour Vire. Amour assez récent d’ailleurs et comme nous avons mauvais esprit, nous avons la prétention de croire qu’il aime cette ville depuis que plus de 2500 citoyens, habitants et usagers du bocage se sont prononcés pour le maintien de la desserte et pour un service ferroviaire de qualité et qu’ils continuent à s’organiser.
Cet amour est devenu d’ailleurs tangible : 1,3 millions d’Euros pour l’achat de véhicules électriques, 2,8 millions pour la rénovation du centre ville, notamment la restauration des marches de la mairie afin que les mariages soient plus beaux (sic)…


Mais du train, il n’en est pas question. Ou alors suggestion est faite que, la voie ferrée passant en ville, il faudrait prévoir deux ou trois passages par les voies pour passer d’un côté à l’autre… Avec une circulation de trains ?? N’est-il pas question de supprimer les passages à niveau ?? Celui de Vire a été supprimé il y a plus de vingt. Il faut en rouvrir un ??

Ainsi, ils sont tous d’accord ! Macron, Spinetta, Guillaume Pépy, Morin nous préparent le même avenir. Et Monsieur Hervé Morin, quoi qu’il en dise, est un bon petit soldat de l’ultra-libéralisme de Macron et de la destruction du service public ferroviaire.

Tag(s) : #Défense du service public ferroviaire
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